Ostéopathie somato-émotionnelle

L’ostéopathie somato-émotionnelle est un pont entre les techniques ostéopathiques classiques et les psychothérapies corporelles. Mon approche technique favorise un environnement thérapeutique qui permet aux causes émotionnelles dissimulées dans les structures profondes des tissus du corps et les organes, de se libérer. Mon toucher dans cette pratique, est très fin, il facilite sans effort la libération des zones bio-mécaniques et psychologiques concernées en  levant les restrictions de mobilité mémorisées dans le système crânio-sacré. 

Le système crânio-sacré est membraneux et part du sacrum pour s’étendre jusqu’à la base du crâne. Il est composé de membranes et du liquide céphalo-rachidien qui enveloppent et protègent le cerveau et la moelle épinière.Dans ce contexte, j’utilise une écoute et un toucher  très doux, léger de l’ordre de 5 grammes! Et oui!… c’est à dire environ le poids d’une pièce de 20 centimes d’euro. Cette méthode thérapeutique améliore le fonctionnement  général du système nerveux central. Elle a également un impact positif sur les systèmes : digestif, musculo-squelettique, respiratoire, circulatoire ainsi que sur la fonction sexuelle et reproductive.

Une ostéopathie qui demande de la finesse

L’efficacité de l’ostéopathie somato-émotionnelle dépend de deux facteurs complémentaires.Le premier repose sur la capacité de l’ostéopathe à faire la différence, dans ses mains, entre une tension physique simplement mécanique et une lésion somato-émotionnelle. En cas de lésions somato-émotinnelles, la perte de mobilité tissulaire s’associe à une mémoire émotionnelle. 

Il est possible que, cette trace d’information reste prisonnière dans les tissus profonds ou dans un organe pendant longtemps. En neurophysiologie, on appelle cette trace biologique : l’engramme. Il s’agit d’une trace ou artefact mnémonique dans le cerveau.

Impact de l’ostéopathie somato-émotionnelle sur le cerveau

Le deuxième facteur d’efficacité, est lié à la structure et au fonctionnement même de notre cerveau. La clé repose dans sa capacité à traiter les informations par deux voies spécifiques: une voie rapide courte et une voie longue. L’évolution a regroupé plusieurs circuits du système d’alarme de notre organisme dans l’amygdale et dans l’hippocampe.

Depuis quelques années, les recherches en neuro-sciences confirment elles aussi,  l’intuition que de nombreux ostéopathes ont eu et qu’ils défendent, à savoir un lien étroit entre la « mémoire des tissus » et le système émotionnel. Evidemment, je partage  ce point de vue. Au travers de ma pratique, j’ai souvent vu certains évènements provoquer des modifications dans les tissus profonds, les organes ou les fascias du corps de mes patient.es. Et pour être encore plus clair, en fait, je le vérifie par l’expérience au travers des corps que je soigne chaque jour. 

En effet, certaines perturbations émotionnelles mettent en tension des chaines musculaires, bloquent des organes, nouent des estomacs, serrent des coeurs ou des gorges, retourne des ventres, inhibent certaines fonctions. Et souvent, se manifestent par du stress chronique ou aigu, de l’anxiété ou des angoisses et servent de socle à des états pathologiques complexes.

Repérer l’empreinte du stress 

En réalité, chaque tension ou stress laisse une empreinte parfois silencieuse, ou plus ou moins importante et pénalisante dans le cerveau émotionnel. Cette empreinte a un impact en fonction du contexte où le « stress » est intervenu. C’est à dire que l’état de vulnérabilité des systèmes nerveux et immunitaire du sujet a son importance au moment de l’impact du stress. Cet état conditionne bien évidemment, la manière dont les tissus physiques vont réagir et mémoriser (retenir) ce qui c’est passé et les émotions associées.

Imaginons que vous soyez en train de marcher dans la rue, tranquille pour aller jusqu’à la boulangerie à quelques centaines de mètres de chez vous. Là, vous croisez une personne qui soudainement se précipite sur vous et vous agresse. 

Quelques jours plus tard, alors que vous marchez sur un trottoir quelqu’un se met à courir dans votre direction. Pendant un instant votre cœur s’emballe mais cette personne passe rapidement à côté de vous sans vous toucher. Alors, vous comprenez qu’elle courait simplement à la rencontre d’un ami situé derrière vous. Du coup,  votre coeur arrête de s’emballer et se calme.

Pendant quelques temps, quand vous passez à proximité de votre boulangerie  préférée, là où vous avez vécu la véritable agression, vous  ressentez comme un malaise. Mais en réalité, dans ce cas, personne ne court vers vous, ni ne tente de vous agresser, mais une « ombre mnémonique » reste active dans votre système nerveux.

Cet exemple relève d’un phénomène très courant où certains éléments du contexte sont conditionnés par un événement traumatique.

Comment fonctionne notre cerveau ?

Pour comprendre comment cela fonctionne, il est nécessaire d’observer notre cerveau. La première action de notre cerveau en cas de danger, c’est d’activer un mécanisme de survie puis  de prendre une décision adaptée au contexte. Imaginons une autre situation:

Vous avancez sur un sentier forestier et tout à coup en travers du chemin, vous devinez une forme allongée enroulée sur elle-même juste là devant vous à vos pieds. Cette forme qui a première vue évoque un serpent, va immédiatement déclencher des réactions physiologiques de peur face au danger.

Quasiment dans le même temps, ce stimulus visuel va passer du thalamus au cortex. Si bien que grâce à sa capacité de discrimination,  votre cortex va en quelques fractions de seconde se rendre compte que ce que vous aviez pris pour un serpent n’est qu’un vieux bout de tuyau d’arrosage abandonné en travers du chemin. Mais pendant un instant, votre cœur s’est emballé et vous avez ressenti la peur.

À l’inverse, si votre cortex avait validé la présence effective d’un serpent bien vivant, alors, il ne serait pas contenté de vous faire sursauter mais aurait déclenché une réaction de mise à distance rapide et instantanée. Il aurait mobilisé toute votre énergie vitale  autant que les modifications physiologiques enclenchées par l’amygdale le permettent.

Comment fonctionne notre cerveau ? Pour comprendre comment cela fonctionne, il est nécessaire d’observer notre cerveau. La première action de notre cerveau en cas de danger, c’est d’activer un mécanisme de survie puis de prendre une décision adaptée au contexte. Imaginons une autre situation.

Le rôle de l’amygdale dans le stress

En fait, une situation traumatique implique la participation entre autre, de deux noyaux du cerveau : l’amygdale et l’hippocampe. Ces structures sont associées dans le stockage et la remémoration de souvenirs explicites à l’origine d’une émotion, elle-même déclenchée par un souvenir précis. 

L’amygdale se présente sous forme d’une paire de petites structures en forme d’amandes, située dans le système limbique, elle est proche de l’hippocampe. Elle aide à réguler les émotions et à encoder les souvenirs, en particulier lorsqu’il s’agit de souvenirs associés à la peur. Elle assume un rôle décisif dans la manière d’évaluer les menaces et à y répondre en évaluant l’importance émotionnelle des informations sensorielles reçues et le type de réponse appropriée à faire.

Son rôle est aussi d’établir des liens entre des zones du cerveau qui traitent des informations cognitives « supérieures » et des systèmes contrôlant les fonctions « inférieures » autonomes comme : la respiration, le toucher, la sensibilité et la régulation des émotions « fortes » mobilisatrices de beaucoup d’énergie. Parmi ces émotions très énergivores on retrouve la peur, l’agressivité, l’anxiété, le plaisir, la colère, la violence. Elle sert aussi dans l’apprentissage des émotions et dans l’élaboration de notre comportement émotionnel. Sans oublier qu’elle intervient dans la formation des souvenirs, en particulier les souvenirs « émotionnels ». Plus le souvenir est chargé d’émotion, plus il sera mémorisé profondément. 

Et l’hippocampe ?

Quant à l’hippocampe, il fait partie du système limbique et joue un rôle central dans la mémoire, la navigation spatiale et l’inhibition du comportement. L’hippocampe peut aussi intervenir en nous renseignant sur le contexte.

Par exemple quand nous nous souvenons d’un évènement particulier: un rendez-vous avec une personne importante pour nous. En même temps que nous nous souvenons de ce que nous avons échanger, dit ou fait et notamment si cette situation a été émotionnellement dense pour nous, nous réactivons, malgré nous, des manifestations ressenties lors de cette rencontre. 

Dans notre corps se manifestent des symptômes comme par exemple les mains moites, le coeur battant, la boule au ventre, une difficulté à trouver ses mots. Le souvenir de cette situation pourrait aussi bien déclencher une crispation des muscles du dos ou une certaine inhibition comportementale.

Lorsque qu’un stimulus sensoriel nous parvient et qu’il évoque pour notre organisme une forme de danger, cette information va d’abord atteindre la partie du cerveau appelé le thalamus, sorte de gare de triage de l’information.

Comment fonctionne notre système d’alerte ?

La voie rapide du thalamus à l’amygdale nous alerte de tout ce qui semble représenter un danger. C’est à partir du thalamus, que ce stimulus sera pris en charge en même temps par deux voies parallèles de transmission de l’information dans notre cerveau. La voie thalamo-amygdalienne qui est une route courte et très rapide et la voie thalamo-cortico-amygdalienne  qui elle, est une route longue.

La  voie courte véhicule une perception assez grossière et très rapide de la situation car cette voie ne bénéficie pas du traitement de l’information cognitive. L’info y arrive brute. L’objectif étant de disposer d’une information rapide qui le cas échéant, nous sauvera la vie. C’est la voie rapide qui déclenche l’amygdale et fait naître des réactions émotionnelles avant même qu’intervienne l’intégration perceptuelle. Dans ce modèle, le système n’a pas le temps de se représenter complètement le stimulus.

Par contre et simultanément, l’information qui arrive à l’amygdale par la voie corticale longue précise ce stimulus et détermine s’il est réellement menaçant et s’il y a des raisons de s’inquiéter. En retour, le cortex associatif fournit alors à l’amygdale une représentation de l’objet de la « peur ». Cette représentation élaborée de l’objet est alors très rapidement comparée au contenu de la mémoire explicite grâce à l’hippocampe. 

En cas de traumatisme, les systèmes de mémoire implicite de l’amygdale et explicite de l’hippocampe emmagasinent différents aspects de l’événement et sollicitent le cortex qui peut corriger la situation en apaisant les réponses inappropriées. Ainsi, les conséquences de prendre un tuyau d’arrosage pour un serpent sont quasi inexistantes du point de vue de la survie. Par contre, prendre un serpent pour un simple tuyau d’arrosage peut avoir des conséquences!

Que se passe t-il lors d’un soin en ostéopathie somato-émotionnelle?

Lors du soin ostéopathique somato-émotionnel, le cerveau revit une sensation de traumatisme ancien dans le contexte sécurisant de l’accompagnement. Du coup, cet engramme peut se libérer et entraine une déprogrammation de la lésion par une réaction neuro-émotionnelle. C’est, le même mécanisme rencontré en psychothérapie classique quand le sujet se remémore un événement douloureux avec émotion. 

Mais en ostéopathie somato-émotionelle, le contexte nouveau et sécurisant de la relation thérapeutique associé à un toucher subtil permet au cerveau, par la connexion entre amygdale et le cortex pré-frontal, de décharger l’engramme émotionnel et de le requalifier en «situation ordinaire». Cette réinitialisation remet le sujet dans son présent et dans son axe au plus près de son noyau d’énergie vitale. Le mécanisme de défense n’est plus nécessaire.

Les origines de l’ostéopathie somato-émotionnelle

L’ostéopathie somato-émotionnelle a été développée par un médecin ostéopathe américain dans les années 80 : John E. Upledger. Ce professeur et chercheur en biomécanique à la Michigan State University a effectué de nombreuses études scientifiques approfondies de 1975 à 1983. Nombreuses de ses recherches ont été publiées et ont fait l’objet de plusieurs ouvrages passionnants que je vous recommande.

Chaque protocole de traitement doit être dicté par la sagesse du propre corps du patient.

Dr John E. Upledger

Quand consulter en ostéopathie somato-émotionnelle ?

Un certain nombre de symptômes peuvent nous conduire à consulter, par exemple des:

  • troubles anxieux 
  • dépendances 
  • signes de dépression 
  • troubles en lien avec un stress post-traumatique ou TSPT 
  • troubles obsessionnels compulsifs ou TOC 
  • phobies
  • l’observation de schémas de fonctionnement répétitifs,
  • un état de stress permanent,
  • des troubles de l’humeur, d’irritabilité 
  • des difficultés à former des souvenirs émotionnels 
  • une hyper sensibilité émotionnelle  
  • la rumination avec des idées noires
  • des crises d’angoisse ou de panique sans cause réelle ou identifiée
  • les troubles alimentaires comme l’anorexie, la boulimie…,
  • des difficultés d’endormissement et/ou des insomnies,
  • des troubles hormonaux 
  • des difficultés sexuelles
  • le déclenchement de maladies auto-immunes 
  • Maladies chroniques
  • des peurs conduisant à interpréter de nombreuses situations comme des menaces et à perdre le contrôle de réponses physiques adaptée
  • un déficit de reconnaissance des émotions, en particulier de la peur.